2015 : Petite Messe Solennelle


« La Petite Messe Solennelle » fut écrite par un compositeur de 71 ans, à la demande de l’un de ses amis, le Comte Alexis Pillet-Wil. C’est une sorte de testament culturel et musical dans lequel Rossini laisse libre cours à une imagination créatrice résolument débordante.

Nous sommes en 1863. Rossini vit retiré de la vie artistique depuis de nombreuses années, en dépit de nombreux et importants succès (Barbier de Séville, Sémiramis, Guillaume Tell, etc.). Par contre, il continue à mener une vie mondaine, entre l’Italie et sa villa de Passy, tout en se donnant à la découverte gastronomique. Qui ne connaît pas le fameux « tournedos Rossini »?

Pris d’une ultime frénésie créatrice, il se remet sur le tard à la composition et laisse un certain nombre de pièces instrumentales et vocales, dont la messe fait partie. Il appelle ces œuvres  ses  « péchés de la vieillesse » … Personnalité à l’esprit redoutable, Rossini accole, dans son titre, deux mots opposés: « petite » et « solennelle », comme un ultime trait d’humour.  Mieux! Il adresse au Créateur une dédicace en forme de boutade:

« Bon Dieu, la voilà terminée cette pauvre petite messe! Est-ce bien de la musique sacrée ou de la sacrée musique? J’étais né pour l’opéra buffa, tu le sais bien: peu de science, un peu de cœur, tout est là! Sois donc béni et accorde-moi le Paradis ».

Et, sur la page de garde de son manuscrit (photo d’en-tête), Rossini tient à préciser:

« Petite Messe Solennelle, composée pour ma villégiature de Passy. Douze chanteurs des trois sexes: hommes, femmes et castrats seront suffisants pour son exécution, savoir huit pour chœurs, quatre pour les solos, total douze chérubins. Bon Dieu, pardonne-moi le rapprochement suivant: douze aussi sont les apôtres dans le célèbre coup de mâchoire peint à fresque par Léonard, dit la Cène, qui le croirait? Il y a parmi tes disciples de ceux qui prennent des fausses notes! Seigneur, rassure-toi, j’affirme qu’il n’y aura pas de Judas, et con amore, tes louanges et cette petite composition qui est, hélas, le dernier péché mortel de ma vieillesse ».                Gioachino Rossini, Passy, 1863.

Cette messe est diversement reçue à l’époque: elle est encensée par les uns, moquée par les autres. On connaît, par exemple, la pique de Verdi datant de 1864:

« Rossini, ces derniers temps, a fait des progrès et a étudié! Étudié quoi? Pour ma part, je lui conseillerais de désapprendre la musique et d’écrire un autre Barbier! ».

Mais le succès, depuis, ne s’est jamais démenti.

La Petite Messe Solennelle  suit les mouvements habituels de la messe latine (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, O Salutaris et Agnus). Elle est interprétée ici par Choeur Tolosa dans une instrumentation originale, conforme aux souhaits du compositeur:

  • Choeur
  • 4 solistes (Soprano, Alto, Ténor et Basse)
  • accordéon
  • piano